Le Docteur Albert Schweitzer disait qu'à son avis, " il n'est d'autre destin pour l'humanité que celui qu'elle se prépare elle-même par sa manière de penser "... Je me permettrai d'ajouter : ...et par sa façon d'agir. Ce qui, je le reconnais, fait de cette complémentarité un pléonasme. Quoi qu'il en soit, à quelques jours des Fêtes de Noël et du Nouvel An, je ne résiste pas au désir de rappeler que si les conseils peuvent souvent ne pas être suivis, les mots véhiculés par le cœur ne sont jamais stériles et génèrent - la plupart du temps et sans qu'on n'y prête attention - des actes de grande qualité. Il est à noter cependant que la confiance que les propos gentils entraîne est une garantie d'une bonne santé psychologique et donc physique...
Toutefois, une confusion s'installe vite à l'évocation de la gentillesse : tout le monde se trouve gentil ! Pourtant, il n'est pas même besoin de lire les manchettes des journaux pour constater que cette attitude noble peut faire dramatiquement défaut à certains. Des infos récentes précisaient qu'une ex-pseudo-Première dame française allait encaisser la somme coquette de 2 millions d'euros pour avoir accouché d'un livre sur le Président de la République en fonction, livre qui - je ne l'ai pas lu et ne tient absolument pas à le lire - relève de la haine, même si une couche de la population considère que c'est la réaction d'une femme " blessée " ! Point de remise en question personnelle avec ce genre de règlement de comptes, point de démarche de pardon, mais une consolation apparente : ce moment passé dans l'intimité du Palais de l'Élysée lui a rapporté gros... Une petite fortune basée sur l'ignorance totale de la plus élémentaire des préventions qui zappe un grand principe objectivement dommageable et énoncé avec discernement par Francis Ford Coppola : " Chez n'importe quel Homme, il reste toujours une part de gentillesse et de pureté. Ce n'est que quand il a perdu tout ça qu'il a tout perdu "...
Effectivement, quand notre mémoire oublie les recommandations parentales de notre plus lointaine enfance, le danger rôde. Comment pouvons-nous ne pas nous souvenir de notre maman qui nous disait, avec une certaine anxiété dans la voix et en nous préparant pour aller à l'école : " Dis, tu seras gentil(le) ? "... Et le bout de chou que nous étions alors la rassurait par un " oui " certes automatique mais qui faisait lien avec la maison, tandis que la cour de récréation ou la salle de classe pouvait nous effrayer un peu... Ce lien libidinal nous fortifiait, au même titre que la prévenance, l'amabilité, la bonté, spontanées et authentiques, constituent les fondations solides d'un bel équilibre qui protège nos fonctions organiques. Ces qualités, à l'opposé de la malveillance, du mépris, de l'indifférence, de la méchanceté, servent avant tout nos élans vitaux, remplissant généreusement nos réservoirs énergétiques... Et puisque le retour des leçons de morale est annoncé par l'Éducation nationale, souligner dans ces créneaux spécifiques qu'il n'y a pas plus égoïstes que les gentils pourrait ouvrir un débat passionnant dès le cours préparatoire ! À moins de lancer un sujet du bac qui induirait que la gentillesse n'est pas faiblesse... Loin de là, assurément. La gentillesse constitue le grand moyen de se faire du bien car, comme le transmet le proverbe chinois : " De même que le fleuve retourne à la mer, le don de l'Homme revient vers lui "... C'est avec cette sagesse jamais démentie que je vous adresse mes vœux les plus doux : que 2014 s'achève sur la parenthèse enchantée du bonheur, plaçant déjà 2015 sous le sceau de la bienveillance...
Carole Vallone