Saint-Jacques-de-Compostelle
pour trouver l’accord parfait

Il est un parcours qui devient de plus en plus prisé, c’est celui qui conduit à soi-même, selon les dires de ceux qui l’ont expérimenté. Croyants ou pas, ils sont de plus en plus nombreux à suivre les traces des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle…

Qui sont-ils donc et que vont-ils chercher ceux qui, chaque année, sont de plus en plus nombreux au rendez-vous de St-Jean-de-Port en France, avec le dessein de traverser le nord de l’Espagne jusqu’à la cathédrale de Santiago-de-Compostela, où les restes de Saint-Jacques le Majeur auraient été enterrés ? La légende ou l’histoire commencé en l’an 44, lorsque le corps de l’apôtre accoste dans une barque de pierre flottante sur la plage d’El Padon, au milieu de coquillages, qui prendront le nom de coquilles Saint-Jacques et deviendront le symbole du pèlerinage.

Au-delà des croyances
L’actrice et écrivain américaine Shirley Maclaine écrit dans son ouvrage « Mon chemin de Compostelle », publié aux Éditions Plon : Le chemin et son énergie te procureront ce dont tu auras besoin. Ils te diront quoi jeter – en conséquence, tu deviendras plus modeste. Tu sauras que ton corps est un temple et non une prison. Tu découvriras ton essence. Voilà un témoignage représentatif de la motivation actuelle des pèlerins. Celle-ci semble en effet plus relever d’une démarche spirituelle que purement religieuse. Une tradition ésotérique affirme d’ailleurs que ce tracé n’est pas dû au hasard mais suivrait les lignes de force de la Terre. Quoi qu’il en soit, religieux ou non, le Chemin de Compostelle attire de plus en plus d’adeptes. Deux cent mille pèlerins recensés pour l’année 2004, sans compter tous les anonymes qui ne demandent pas à recevoir la compostela, sorte de certificat attestant qu’ils ont bien effectué le pèlerinage. Cet engouement est dû au bénéfique développement du tourisme de randonnée. En effet, tout au long du chemin, le marcheur a la possibilité de suivre de façon libre ou symbolique les chemins du pèlerinage. Ainsi, les objectifs peuvent être très variés : endurance, découverte… On peut voyager à pied mais aussi en VTT, à cheval, en solitaire ou en groupe organisé. Le chemin ravit les curieux de culture aussi bien que les amoureux de la nature. Rien de tel que ce type de pèlerinage pour lier amitié dans les lieux d’hébergement, gîtes, fermes, chambres d’hôtes accessibles tout au long du parcours.

Accorder le corps et l’esprit
Les bienfaits de la marche à pied ne sont plus à démontrer. Bernard Ollivier, auteur de « La longue marche », aux Éditions Phoebus, parle d’un véritable compagnonnage avec le divin pour peu, dit-il, qu’entre le corps et l’esprit, l’accord parfait s’installe. Dans la marche, lorsque les muscles adaptés et comme lubrifiés par l’exercice quotidien atteignent à cette température idéale qui se manifeste par une légère transpiration, que les articulations bien huilées se prêtent sans efforts aux accidents du parcours, alors une alchimie mystérieuse met le corps en lévitation. C’est peut-être cette sensation indicible que recherche Hubert, athée et amateur de randonnée : Je ne suis pas croyant, confie-t-il, je serais même plutôt anticlérical. Pourtant, j’ai décidé de faire cette année le chemin de Compostelle. Pourquoi ? Je n’en sais rien mais je sens au fond de moi que l’amoureux de la marche que je suis ne peut pas passer à côté de cette expérience sous prétexte qu’elle a une connotation religieuse. Rares sont les activités à la fois sportives et touristiques qui font fi des clivages culturels. C’est peut-être là que résident le message et le miracle de Saint-Jacques. Finalement, il suffit peut-être simplement de se mettre en marche !

Chrystelle Nouveau

Saint-Jacques : un passeur ?