Il est généralement admis qu’action et méditation sont antinomiques. Pourtant, Osho – un enseignant spirituel – recommandait à ses disciples de pratiquer chaque matin ce qu’il a nommé « la méditation dynamique ». Cette méthode offre une porte se sortie pour éliminer les tensions du corps et de l’esprit. Quant au yoga traditionnel, il préconise, avant de pouvoir s’asseoir en posture de méditation, tout un panel d’exercices physiques visant à dénouer les blocages psychocorporels. Plus prosaïquement, qui n’a jamais ressenti une sensation de meilleure disponibilité à soi et aux autres après avoir couru dans la nature ou fait une randonnée ?
Des siècles de dualisme corps/esprit nous ont fait croire que la pensée, en tant que manifestation de l’âme, était résolument distincte de notre enveloppe de chair. Cette croyance a donné cet esprit rationnel que la psychanalyse a mis à mal en montrant justement que notre psychisme était intimement lié à nos somatisations. Les philosophies orientales, quant à elles, connaissaient déjà cette interaction. Si la psyché influence le soma, l’inverse est également vrai. D’où l’importance de bouger pour certes éliminer, comme le dit la publicité, mais aussi pour éclaircir son âme…
Le temple de l’âme
Le corps est comme un temple et l’âme, ou bien la réalité intérieure, est comme un autel. Si nous ne mettons pas le temple en bon état, comment pourrons-nous prendre soin de l’autel ? Nous devons maintenir le corps en bonne santé et pour cela, la course à pied est d’un très grand secours. Ces paroles, du spiritualiste indien Sri Chinmoy, sont représentatives de la nécessité de ne pas négliger l’activité physique. Lorsqu’un journaliste lui relate le fait que de nombreux athlètes ont témoigné d’expériences singulières sous la forme d’un sentiment d’unité avec les éléments, le Sage répond de façon humoristique que beaucoup de gens pratiquent la spiritualité et n’ont pas d’expérience… La devise du maître est Cours et deviens, deviens et cours. Le fait même de courir, selon lui, fait se manifester des capacités latentes qui étaient jusque-là en sommeil. J’encourage et j’inspire mes étudiants à organiser et à participer à des triathlons, continue Sri Chinmoy, parce que le monde a besoin de dynamisme. Et il poursuit : La course nous rappelle notre voyage intérieur, toujours devant nous…
Le zennis, un sport pour méditer
Comme son nom l’évoque, le zennis se veut être la rencontre entre le tennis et la méditation zen. Cette méthode propose d’observer consciemment toutes ses attitudes mentales et émotionnelles. Il s’agit davantage de rester centré que de vouloir remporter le match, ce qui viendra de surcroît ou pas. Les pratiquants de zennis véhiculent que Yannick Noah raconte, dans son livre traitant des secrets de ses victoires, qu’il utilisait cet état d’esprit. Désir de gagner, frustrations, colère, peur de perdre ou de décevoir le partenaire sont autant de supports pour mieux se connaître. Un adepte de cette approche sportive conclut ainsi : Le zennis est la preuve qu’il n’y a pas besoin d’aller dans un monastère pour méditer. Il suffit seulement d’être vigilant dans toutes nos activités…
Serge Rageot
