C’est au joueur de tennis professionnel et coach allemand Peter Spang, ayant affronté dans sa carrière de célèbres stars comme Ivan Lendl ou encore Boris Becker, que revient l’idée de cette pratique originale : le zennis. Dans son ouvrage rédigé en anglais, « Zennis : An innovative approach to changing your mind, your play and your entire tennis expérience », Spang fait se rencontrer le sport et la méditation…
On l’aura compris, le terme zennis renvoie à un rapprochement du zen et du tennis. En fait, la technique est mise au service de la prise de conscience méditative de la triade corps/pensées/émotions. À la manière du Taï Chi, il est principalement demandé au pratiquant de jouer à partir du hara, centre énergétique situé juste en-dessous du nombril, et d’être attentif à tout ce qui se passe, l’objectif final n’étant pas de gagner la partie à tout prix.
La vigilance
À chaque échange de balle, le zennisman se concentre sur le cycle reception/renvoi/centrage. Chaque phase doit être une opportunité pour observer le placement de son corps plutôt que la balle. Il s’agit également de développer une attitude témoin, sans aucun jugement, sur tous les processus mentaux : anticipation quant à la vitesse, la hauteur, l’effet de la balle. Dans la phase de renvoi, il est nécessaire de faire en sorte que l’impact ait lieu au centre de la raquette. Peu à peu, un équilibre psychique naît de la répétition des gestes et de leur pleine conscience. Contrairement à la compétition où les tennismen « tendent » leur mental, le zennis privilégie l’aspect méditatif, la pratique du silence, l’observation de la respiration et la paix de l’esprit qui en découle. L’adversaire devient un partenaire sur la voie, de la même manière que dans les arts martiaux traditionnels. Un travail sur les émotions (désir de vaincre, frustration de la défaite, colère) s’effectue. Une mise en mots peut intervenir par rapport à ce qui est ressenti.
La joie
Le zennis, détachant donc l’acte du résultat, s’apparente à l’art du tir à l’arc zen ou à la pratique de l’aïkido. Il contribue, de façon ludique, à une meilleure connaissance de soi, à la joie d’être ici et maintenant. Les adeptes de cette méthode témoignent qu’ils parviennent à resituer leurs progrès dans la vie quotidienne. Ils se sentent plus présents aux situations qui se présentent, agissant de façon juste avec de moins en moins de stress. De quoi allier sereinement l’utile à l’agréable, sans avoir besoin de s’isoler dans une grotte ! Le zennis ? Un nouveau sport tout entier voué à la paix de l’esprit qui peut se pratiquer entre amis ou encore dans un centre de méditation adapté. Il en existe déjà quelques-uns en France. Il suffit de surfer sur le web pour en trouver un dans sa région.
Matthieu Rigeaud