Parmi les règles affichées dans le dojo le plus célèbre du Japon, l’Aïki-Kaï, figure celle-ci : « Le but de l’aïkido est d’améliorer la santé du corps et de l’esprit ». Autrement dit, la pratique de cet art martial ne se limite pas uniquement à l’apprentissage de simples techniques sportives…
Le mot aïkido se décompose en trois éléments : aï (uni), ki (esprit) et do (voie). Il signifie donc : « La voie par la communion de l’esprit ». Cette méthode de self-défense adapte à la vie courante les principes de complémentarité, d’union et d’harmonie qui en constituent le fondement. Il est à noter qu’elle améliore aussi les réflexes, entretient une ligne parfaite et apporte au corps un bel équilibre. Tony Thielemans, auteur du « Guide Marabout de l’aïkido et du kendo », précise que celui qui pratique régulièrement l’aïkido acquiert plus de calme et d’assurance, sans compter qu’il finit par accepter les revers de la vie avec une certaine philosophie…
Un art martial non-violent
Avec ses 800 clubs et ses 25 000 pratiquants, la France a largement adopté la dimension de cet art martial oriental, introduit en Europe en 1951 par les disciples de son fondateur : Maître Morihei Ueshiba. Malgré son expérience militaire, ou peut-être grâce à elle, c’est le pacifisme qui anime Ueshiba lorsqu’il fonde l’aïkido en 1925. Après avoir étudié en profondeur de nombreuses techniques de self-défense, ainsi que des traités de stratégie guerrière, ce grand humaniste arrive à la conclusion finale qu’il est essentiel de préserver l’intégrité d’un agresseur, aussi bien physique que psychique. De fait l’objectif de l’aïkido consiste-t-il à décourager l’adversaire mais en aucun cas à le détruire. La notion dominant/dominé est d’ailleurs absente de la pratique, au point que l’aïkido reste l’un des rares sports de combat qui refuse l’organisation de compétitions, contrairement au judo ou au karaté, par exemple. Mais donnons la parole à Morihei lui-même : Laissez votre partenaire attaquer, explique-t-il. Ne reculez pas devant une attaque, contrôlez-la avant qu’elle ne débute. La non-violence est la vraie expression de l’aïkido...
Une chorégraphie accessible à tous
L’aïkido applique strictement la notion d’harmonie universelle, issue de la complémentarité du ying (énergie positive) avec le yang (énergie négative). Il suffit d’assister à une démonstration de cette discipline pour être saisi par la grâce qui en émane. Un combat, en aïkido, ressemble à une véritable chorégraphie où la souplesse l’emporte toujours sur la force. Maître Morihei Ueshiba mesurait 1,54 mètre, était chétif et ne jouissait pas d’une santé parfaite. C’est à partir de ses faiblesses qu’il a offert l’aïkido à l’humanité. Tony Thielemans assure que n’importe qui – et à n’importe quel âge – peut entreprendre l’étude de l’aïkido, même si on a délaissé depuis longtemps tout entraînement physique. Sa pratique, sous la direction d’un professeur compétent, n’est ni dangereuse, ni brutale. Elle s’adresse aux jeunes, aux moins jeunes, aux femmes comme aux hommes…
Des bienfaits objectifs
Outre l’acquisition d’une véritable éthique de l’existence, la pratique de l’aïkido, qui peut débuter dès l’âge de 6 ou 7 ans, s’avère socialisante, favorisant la découverte du corps et la maîtrise de l’équilibre. L’entraînement se déroule de manière progressive et constitue, pour les adultes, un excellent cardio-training. Il favorise, tout comme le yoga, l’assouplissement articulaire et musculaire, ce qui représente un avantage pour les pratiquants seniors. L’aïkido tonifie tout le corps, sollicite la ceinture abdominale, les muscles fessiers et ceux des hanches, et permet un bon maintien de l’épine dorsale. Omniprésente, la respiration abdominale centrée dans le hara (point d’équilibre situé dans la région du nombril) augmente la capacité pulmonaire. Enfin, au fil des séances s’opère un changement de comportement. L’aïkidoka, gagnant en confiance, se défait de ses craintes intérieures et aborde son quotidien avec de plus en plus de sérénité.
David Bauvay