S’il est une destination qui a fasciné les explorateurs, depuis Christophe Colomb lui-même, c’est bien la route des Indes. Chaque année, des milliers d’occidentaux réalisent ce rêve et en reviennent transformés.
L’Inde, aux mille facettes, ne laisse effectivement personne indifférent. Le contraste est une des singularités de ce mystérieux pays. Les cinq sens y sont sollicités : odeurs, couleurs, bruits des villes, chants et silence des ashrams, nourritures subtiles, massages ayurvédiques… Cette partie du globe est aussi le creuset d’une spiritualité qui a gagné l’occident en quête d’existentiel. Le célèbre psychologue Carl Gustav Jung parle de son séjour, dans son autobiographie, en ces termes : Les Indes ne sont pas restées sans laisser en moi des traces, au contraire, elles en ont laissé qui vont d’infini vers un autre infini…
La préparation du voyage
Différentes possibilités s’offrent au voyageur pour découvrir ce pays millénaire. Certains organismes de yoga, discipline venue d’Inde et très pratiquée en occident, proposent des séjours initiatiques. Il est bon, pour ne pas passer à côté de la sagesse indienne, d’entrer en contact avec des initiés qui connaissent déjà les lieux d’accueil propices. On peut aussi s’adresser à des agences de voyages dans le cas où le séjour se veut plus touristique. De nombreux sites d’exception, comme le Taj Mahal ou Mayapur, reçoivent chaque année des millions de visiteurs. Il existe aussi le système du voyage écologique sous l’égide du tourisme équitable. L’Inde est certainement le pays où la qualité de l’hospitalité chez l’habitant est la plus développée. Toutefois, le néophyte a tout intérêt à très bien préparer son itinéraire en prenant en compte le fait que les distances sont très longues et les voies de communication ne ressemblent pas à celles qu’il pratique habituellement. D’autre part, outre un visa nécessaire, des précautions au niveau sanitaire sont à envisager. Il faut donc se renseigner sur les obligations vaccinales. Notre organisme européen n’est pas automatiquement préparé à supporter certains désagréments. Il est conseillé ainsi de préférer, selon les sites, les boissons gazeuses plutôt que l’eau. La pollution du fleuve Gange, si elle n’incommode pas les autochtones, peut causer des inconvénients lorsque la prudence n’est pas de rigueur. Ces quelques précautions, inhérentes d’ailleurs à tout séjour exotique, étant respectées, la magie indienne agit…
Une autre conception du monde
Lorsque le voyageur pose le pied pour la première fois sur le sol d’une grande ville indienne comme Bombay ou New Dehli, il est tout de suite saisi par un sentiment indéfinissable. Si l’ambiance générale peut paraître déstabilisante – impression de se perdre dans une gigantesque foule colorée assourdissante, climat étouffant –, il suffit de faire une centaine de mètres pour commencer à sentir des effluves de curry, de gingembre, et à porter son attention sur ces magnifiques jeunes filles souriantes aux saris éclatants. Les ragas (musique indienne) sont comme une invitation à changer son regard. La misère réelle dans les rues ne semble cependant pas affecter le chaland. La raison en est que pour la majorité des Indiens, le corps n’est qu’un véhicule. Ce qui importe c’est l’atma (l’âme), sise dans le cœur de chaque être vivant. Dans les villages, des vaches errantes, ces animaux vénérés par excellence, ont leur place. Pas question de les chasser et encore moins de les tuer ! À Vrindavan, lieu où aurait vécu la divinité Krishna il y a plus de 5000 ans, les singes aussi sont sacrés et vivent en liberté. Cet animal singulier renvoie en effet, dans la mystique hindouiste, au Dieu Singe Hanuman, compagnon de Rama, dont les hauts faits sont relatés dans un texte spirituel, le « Ramayana ». Mythes et réalités se confondent. La croyance en la réincarnation aide à comprendre que le temps en Inde est appréhendé différemment. La loi du karma (action-réaction), acceptée par la majeure partie de la population, veut que chaque situation actuelle, affective ou sociale, soit le résultat des vies passées. Le voyageur goûte à ce sentiment d’infinitude qui a valu à ces contrées le vocable d’« Inde éternelle ». Les Indiens ne disent pas « avoir une âme » mais « être une âme ». Pour certaines écoles spirituelles, même les végétaux sont des âmes. Le principal livre religieux, la « Bhagavad-Gita », l’équivalent de la Bible en occident, permet de s’en nourrir à condition de l’offrir au préalable au Divin à l’aide de mantras spécifiques. La nourriture ainsi sanctifiée devient spirituelle et prend le nom de prasadam… On comprend mieux, dans ce contexte, le succès du mouvement de non-violence de Gandhi, unique dans le genre, qui a permis de libérer le pays du joug britannique sans lever d’armée mais en pratiquant une résistance passive.
Le plein de positif
Sandrine, infirmière, vient de passer plus de trois mois en Inde au titre d’une mission humanitaire : Au travers de mes déplacements et de mes rencontres, surtout dans le Nord de l’Inde et au Népal, j’ai réalisé – raconte-t-elle – que notre façon de penser influence toute notre existence. J’ai appris, en baignant dans cette culture empreinte de sagesse, ce qu’est réellement la Pensée positive. Il y a beaucoup plus de misère physique qu’en Europe mais, paradoxalement, comme disait Mère Teresa, beaucoup moins de souffrance morale…
Pierre Picot