Le sport de haut niveau, reconnu comme source possible d’irrégularités des règles, voire de l’arrêt de celles-ci (aménorrhée), peut être vecteur d’infertilité par trouble de l’ovulation. Les anomalies du cycle menstruel concerneraient 10 à 15 % de ces sportives réalisant des efforts physiques importants et répétés.
Une chute trop importante de la masse grasse, associée à un exercice sportif intense, peut déclencher un trouble des règles ou le retard de leur apparition chez la jeune fille impubère. La recherche d’une faible corpulence, dans le but d’améliorer ses performances sportives, peut conduire la femme sportive à une alimentation trop allégée et insuffisamment diversifiée, comportant un déséquilibre entre apports alimentaires et dépense énergétique. Afin d’éviter tout problème, la masse grasse ne devrait pas chuter en-dessous de 20 % du poids total de l’athlète. Une image pourtant fréquente dans des sports d’endurance, comme chez les marathoniennes ou dans des activités plus esthétiques comme la danse, le patinage. Pour les plus jeunes, l’âge moyen des premières règles est en moyenne de 13 ans en France. Il n’y a pas alors de blocage véritable des règles mais un décalage dans le temps de leur survenue, pouvant atteindre 4 années. La physiologie de ces bouleversements est d’origine hormonale. Une forte perte de poids liée à une activité physique de haut niveau entraîne parfois, au niveau cérébral (hypothalamus), une baisse des sécrétions en œstrogènes d’origine ovarienne, source de perturbation des cycles menstruels.
Un déficit en œstrogènes
Les œstrogènes sont des hormones nécessaires en première partie du cycle menstruel pour permettre la croissance des follicules et la sélection de celui qui donnera l’ovule. Ils participent à la préparation des règles en deuxième partie du cycle, s’il n’y a pas eu fécondation. Une insuffisance en œstrogènes s’accompagnera donc, soit d’anomalies du cycle avec baisse de la fécondité, ou en l’absence complète de règles, d’infertilité. Plusieurs facteurs interviennent au niveau du cerveau, sur l’axe hypothalamo-hypohysaire, afin de permettre par voie hormonale une régulation de ce taux d’œstrogènes. Certains sont déterminants. L’activité physique libère dans le sang l’adrénaline et la noradrénaline, sources de bien-être, qui déclenchent la sécrétion des béta endorphines, lesquelles agissent à leur tour en freinant la sécrétion des hormones stimulant les ovaires. Le stress, souvent présent chez les sportives, et le phénomène de carence alimentaire énergétique interviendraient selon le même fonctionnement.
Des effets non négligeables
Plusieurs conséquences sont possibles : une diminution de la masse osseuse avec un risque accru de fracture de fatigue, voire de l’ostéoporose, une taille plus petite. Nous avons tous en mémoire les images de ces gymnastes roumaines, connues pour leur petite taille et un poids plume, capables d’effectuer des prouesses aux agrès. Nadia Comaneci est devenue une star aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. Âgée de 14 ans, elle mesurait 1m56 pour 41 kg. Elle est la première gymnaste à avoir obtenu la note parfaite de 10 aux barres asymétriques, puis à sept reprises cette note maximale pendant ces Jeux.
Sport et grossesse
Les dysfonctionnements hormonaux liés au sport ne sont en aucun cas systématiques et leur déclenchement reste très individuel. Chez les jeunes sportives, le désir de grossesse n’est pas le plus fréquent en début de carrière. Leur priorité reste l’exploit sportif. Mais selon l’importance des perturbations des cycles menstruels, le retour à un rythme régulier, protecteur pour l’organisme, passe par une réduction de l’activité sportive et/ou un rééquilibrage alimentaire.
Pauline Nadeau